La femme yoyo est dans le tout ou rien. Pour elle, c’est la perfection ou rien ! Si la perfection ne peut être atteinte, elle ressent un fort sentiment d’échec. Car elle a du mal à accepter les compromis.
La femme yoyo n’est pas au clair avec ses désirs, avec ses choix. Ses hésitations, ses doutes l’angoissent. La perfection apparaît alors comme un repère. Le tout ou rien implique aussi que tout soit parfait. En commençant par elle-même, son corps. Le modèle minceur, modèle dominant des canons de beauté actuels, sera son objectif même si son corps n’est pas physiologiquement programmé pour être mince. Correspondre au modèle dominant apparait comme un pansement pour son narcissisme fragile et vacillant. Cette recherche de perfection est-elle réellement une solution ? Peut-elle colmater ses failles narcissiques ? Au contraire est-ce un piège de plus dans lequel elle s’enferme davantage et qui la mène dans une impasse ?
Un perfectionnisme qui remonte à très loin
La femme yoyo place la barre très haut. Un perfectionnisme excessif qui remonte sans doute à très loin, à l’enfance. De nombreuses femmes yoyo ont été de vraies petites filles modèles soucieuses d’attirer les regards et les compliments qui leur manquaient tant. Elles étaient plus à l’écoute des désirs parentaux auxquels elles souhaitaient correspondre que des leurs qu’elles n’ont pas appris à écouter et à satisfaire. Un flou au niveau des désirs que l’on retrouve chez toutes les femmes yoyo et qui est à l’origine de leurs failles narcissiques et du sentiment de vide qu’elle peuvent ressentir parfois.
Mais qu’est-ce que le yoyo narcissique ?
Quel qu’ait été son parcours et même si elle a rencontré plusieurs fois succès et réussite, la femme yoyo a une faible estime d’elle-même qui la renvoie à un sentiment d’impuissance et d’incompétence. C’est une des raisons qui la poussent dans la recherche de perfection. La position de contrôle l’aide à inverser la tendance. Grâce à son fonctionnement yoyo, elle prend le pouvoir et se sent toute-puissante à travers la maitrise de son poids, de son image et de ses émotions. Non seulement elle perd du poids, s’approche de la minceur et de la perfection mais elle évacue également son sentiment de vide. Jusqu’à ce que tout s’écroule…
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Son perfectionnisme excessif est un objectif irréaliste : elle ne peut maintenir son poids-minceur sur la durée en raison de restrictions alimentaires trop frustrantes. La position de maîtrise et de contrôle et le sentiment de toute-puissance ne peuvent être qu’éphémères.
Le désir de toute-puissance repose sur un socle de fragilité narcissique et un sentiment d’impuissance qui reprendra le dessus à un moment donné. Plus la femme yoyo recherche la toute-puissance, plus elle devient vulnérable et renforce son sentiment d’impuissance. Mais elle ne le sait pas. Elle ne peut qu’échouer puisque le contrôle alimentaire avec les sentiments de toute-puissance, de grandeur, de perfection, de supériorité qu’il induit, ne durent qu’un temps et que la tendance s’inversera inévitablement. La perte de contrôle guette. La femme yoyo a craqué et s’est lâchée sur la nourriture. Elle se sent coupable, misérable et même nulle. Le yoyo narcissique est donc l’oscillation entre le sentiment de toute-puissante et celui d’impuissance et de nullité.
Quête éperdue d’amour et sentiment d’imposture
Depuis toujours la femme yoyo est dans une quête éperdue d’amour. Comme tout le monde me direz-vous ? Certes, mais en ce qui la concerne, grâce à cette quête elle cherche surtout à combler son désamour d’elle-même. Car la femme yoyo ne s’aime pas ou pas suffisamment, une autre cause de sa fragilité narcissique et de son manque d’estime d’elle-même. Cette quête éperdue d’amour l’amène par moment à ressentir un sentiment d’imposture. Elle cherche tellement à correspondre à celle que les autres souhaiteraient qu’elle soit, qu’elle s’oublie en chemin et ne sait plus vraiment qui elle est. Même lorsqu’elle rencontre le grand amour, ou du moins vit une relation qui pourrait être épanouissante qui lui apporte tendresse et respect, elle ne se sent pas apaisée.
Pensant au départ que l’amour serait la solution à son problème existentiel, elle ressent de la déception car il n’en est rien. Elle se sent aimée, mais se demande bien pourquoi. S’interroge sur sa légitimité. Est-elle digne de l’amour qu’on lui porte ? Ce n’est pas l’autre qui est décevant, c’est elle qui a peur de décevoir. Va-t-on s’apercevoir de l’imposture ? Elle se sent très souvent en décalage avec celle que les autres perçoivent d’elle.
La femme yoyo sera apaisée une fois qu’elle commencera à s’aimer telle qu’elle est, ne courra plus après la perfection mais se posera pour faire connaissance avec elle-même et découvrir enfin qui elle est. Elle sera alors dans une quête de sens et d’authenticité et pourra lâcher ses objectifs irréalistes et aliénants de contrôle et de toute-puissance…
Rita Sansone Villemin