Les émotions font partie de la vie, elles font de nous des êtres vivants. Mais la femme yoyo ne le sait pas, elle a peur de ses émotions, alors elle tente de les contrôler. Elle mange lorsqu’elle est assaillie par ses émotions car elle ne sait les gérer autrement.
Un yoyo pour fuir la réalité et anesthésier les émotions
Grâce à son yoyo émotionnel, elle arrive à fuir un temps la réalité et les émotions qu’elle suscite. Une réalité qui se révèle parfois frustrante, douloureuse, inquiétante au niveau de la relation à soi et de la relation aux autres. Hop, elle s’échappe. La réalité, les émotions, elle s’en fiche, elle mange. Un voile d’indifférence recouvre cette réalité qui devient du coup supportable. Un coup de baguette magique. Eh oui ! Le yoyo est magique. Il donne le pouvoir, en tout cas l’illusion d’un pouvoir absolu et de toute-puissance. La réalité, avec son lot de contrariétés et de frustrations, peut faire ressurgir les angoisses du passé. Il faut dire qu’elles ne sont jamais très loin. Face à un événement stressant, elle redevient cette petite fille en panique. Elle fuit ce souvenir comme fuit les émotions, les angoisses et cette réalité parfois tellement frustrante qu’elle en devient persécutante.
Son yoyo émotionnel l’aide à inverser la tendance. Elle se sent alors intouchable et toute-puissante. Manger la plonge dans une ambiance cotonneuse, une sorte d’indifférence. Plus rien ne l’affecte. Le choc avec la réalité est amorti, les émotions anesthésiées. Même pas mal ! Grâce à son yoyo émotionnel, elle a un moyen d’action sur son ressenti. Manger et la colère disparait. Manger et la tristesse et l’angoisse sont un vague souvenir. Manger et elle ne sait même plus pourquoi elle était stressée. L’ennui, elle ne connait pas, manger et elle est vite occupée.
La femme yoyo mange ses émotions
La nourriture joue un rôle d’airbag, elle amortit ses chocs émotionnels. Pourtant les émotions sont de bons indicateurs de ce que nous vivons. Par exemple écouter sa colère, c’est comprendre que l’on est frustré ou que les limites du supportable sont atteintes. Les émotions sont des réactions soit à des événements, à des situations auxquelles nous sommes confrontés ; soit à des pensées qui nous traversent l’esprit. Elles sont des indicateurs qui nous informent s’il y a lieu de modifier des choses dans notre vie.
Mais la femme yoyo ne le sait pas, alors elle mange ses émotions… Si elle s’ennuie, manger va non seulement l’occuper mais aussi l’aider à passer d’une sensation désagréable de vide à une sensation agréable de plaisir, un renversement dans le contraire. A l’inverse, si une émotion est dérangeante parce qu’elle est de trop forte intensité, qu’elle qu’en soit la nature, manger va anesthésier ce ressenti, la plonger dans une sorte d’indifférence.
Des émotions binaires en “tout ou rien”
Elle passe ainsi d’une excitation d’une forte intensité à une annulation de sensation. Un yoyo émotionnel qui ne module pas les émotions mais inverse la tendance. La femme yoyo est dans le “tout ou rien”, elle est ballotée par des émotions binaires. Soit c’est le calme plat qui est recherché à travers l’anesthésie, une sorte d’indifférence émotionnelle, soit la grande excitation, une recherche de plaisir ou d’activité, lorsqu’elle s’ennuie ou cherche à se consoler. Un yoyo émotionnel qui va d’un extrême à l’autre, tout blanc ou tout noir, une palette bien réduite des couleurs émotionnelles…
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Si la nourriture est un anesthésiant, un anti-douleur, un médicament ou un doudou qui console, il en va de même pour le régime. Le régime avec ses règles restrictives et ses interdits donne un cadre mais aussi occupe l’esprit. Il crée une bulle protectrice. Comme un écran sur lequel glisseraient les émotions qui sont ainsi tenues à distance.
Donc, quelle que soit la tendance du yoyo alimentaire – manger ou ne pas manger – il joue un rôle au niveau émotionnel, puisque les émotions sont sous contrôle. C’est un des multiples bénéfices du fonctionnement yoyo.
Accueillir ses émotions pour se sentir vivant
On ne peut contrôler ses émotions, ni les fuir sans se mettre en danger. Plus on les repousse, plus elles se renforcent. Le contrôle, la fuite, l’anesthésie des émotions ne durent qu’un temps. La femme yoyo s’épuise à leur résister. Dès qu’elle n’arrive plus à leur tenir tête, les émotions renforcées par la pression due à la résistance qu’elle leur opposait redoublent d’intensité. Elles l’envahissent et la débordent, l’effrayent et la paniquent davantage.
Les émotions ne sont pas dangereuses, certaines infligent de la souffrance, mais elles ne font que passer. Surtout elles font partie de la vie et de nous des êtres vivants. Les fuir éloigne de la vie, comme si l’on passait à côté d’elle. Et paradoxalement, cela donne l’impression que c’est la vie qui fuit, qu’elle nous échappe. La vie en fuite…
La femme yoyo ne le sait pas. Elle n’a pas appris à gérer et à réguler ses émotions, elle est dans le contrôle et l’évitement. Ces stratégies la rendent encore plus vulnérable car elles renforcent l’intensité des émotions qu’elle tentait d’éviter. Et surtout elles lui donnent l’impression de ne pas être actrice de sa vie, de ne pas vivre pleinement. Abattue, dégoûtée, fatiguée, découragée, elle est encore plus déprimée. Vite ! Manger ! Non un régime…
La femme yoyo pourra se sentir libre et pleinement vivante une fois qu’elle acceptera d’accueillir et d’écouter ses émotions et qu’elle lâchera son yoyo émotionnel. Elle passera alors du noir et blanc à la couleur des sentiments…
Rita Sansone Villemin
merci pour cet article ,vous avez mis des mots sur mon mal être et la façon dont je le gère avec une exactitude presque perturbante comme si vous me connaissiait depuis toujours
Bonjour et merci pour votre commentaire. Il me touche beaucoup car il vient valider tout le travail effectué autour du concept de femme yoyo. Bonne continuation, ma chère Bahi, et peut-être à bientôt sur le blog ou ma page Facebook. Rita
Bonjour Madame
J’al lu avec intérêt vos articles. Je me reconnais dans tout ce qui est décrit.
Est-ce que vous consultez ?
Anne