La marche méditative : libérer l’esprit, mettre le corps en mouvement

Avez-vous déjà essayé de méditer ? Et d’atteindre le graal dont parle tout coach en bien-être, développement personnel ou spiritualité :   réussir à « être pleinement dans le moment présent ». Pas si simple…

Le conseil que donnent les méditants expérimentés aux débutants est de se concentrer sur la respiration. Observer le circuit de l’air qui entre et qui sort. Le nez, les poumons, la poitrine, le diaphragme, le ventre. Inspirer et expirer profondément, ressentir pleinement les sensations corporelles. Et ça marche !

Jusqu’à ce que les pensées viennent jouer les trouble-fête : « Il faut que j’envoie impérativement ce mail aujourd’hui », « Que reste-t-il dans le frigo ? Zut, pas grand chose, je dois faire les courses 🙁» « Faut que je rappelle Valérie ! »…

Eh oui, notre esprit n’aime ni le changement, ni le vide. Immédiatement, il se met en branle pour s’occuper.

Là encore, les méditants expérimentés y vont de leur conseil sur le mode : « Ne tentez pas de contrôler ou de chasser vos pensées, cela ne ferait que les renforcer. Surtout ne pas s’y attarder. Ni juger ses pensées ni soi-même. »

En fait, l’erreur la plus courante chez les débutants est d’être dans la performance, de vouloir à tout prix réussir à méditer de longs moments comme les vieux yogis indiens ou les moines tibétains qui pratiquent depuis 40 ou 50 ans.

Le plus simple est de commencer petit, quelques minutes seulement. Et lorsque les pensées s’invitent, leur parler, s’adresser à elles directement « Je sais que tu es là, je t’ai entendue mais je m’occuperai de toi plus tard ». Si, si ça marche. Car c’est une manière de l’accueillir tout en la mettant de côté.

Pour ma part, j’ai commencé par la marche méditative que je pratique très régulièrement, plusieurs fois par semaine. Je trouvais que c’était plus simple de me concentrer sur ma respiration alors que mon corps était en mouvement.

A vrai dire, au départ c’était plutôt une marche contemplative. J’observais le spectacle qui s’offrait à moi que ce soit dans un parc, au contact de la nature, (le bruit du vent dans les arbres, le chant des oiseaux..) ou dans les rues de Paris (la beauté de certains monuments…) Mon attention se concentrait sur l’extérieur et pendant un moment j’échappais à mes pensées ou, dans les périodes plus tendues, aux ruminations.

Puis j’ai poussé l’expérience un peu plus loin, en faisant pendant plusieurs semaines le même circuit. Aucune nouveauté ne s’offrant à moi, je me concentrais cette fois-ci sur mon monde intérieur. Là, je tentais de focaliser mon attention sur les sensations corporelles. Mon pied. Mon talon touchant le sol. Le droit, le gauche. Mes mollets qui se contractent à chaque pas. Le balancement de mes bras. Mes bras m’ont d’ailleurs posé un problème : devais-je les laisser pendre ou les plier à angle droit afin de rythmer davantage la marche ? J’avoue que je n’ai pas encore trouvé la réponse. Tantôt ils tombent nonchalamment le long de mon corps ; tantôt ils sont pliés, avec l’impression que chaque coudée propulse mon corps en avant.

J’ai la chance d’avoir dans mon nouveau quartier, l’un des plus beau parc de Paris, les Buttes Chaumont. Non seulement il offre une grande variété d’arbres centenaires et de parterres de fleurs décoratifs, mais également différents niveaux, avec de nombreux escaliers ou allées plus ou moins abruptes. Il est aussi très prisé par la communauté chinoise des arrondissements avoisinants. Leur culture les familiarise très tôt à fréquenter les parcs et espaces verts, et à pratiquer la marche.

D’ailleurs certains, à chaque pas, tambourinent avec leur poing une partie de leur corps. Rein, foie, intérieur du bras (là où ou l’on fait habituellement les prises de sang)… Bref différents points d’acupuncture. On devine aisément les bienfaits de telles pressions dynamiques et rythmées sur la circulation sanguine et le niveau énergétique. Je n’ai pas osé encore les imiter même si la tentation est forte.

Pour le moment je me contente, de manière discrète, lorsqu’il n’y pas trop de monde, d’enlacer un arbre. Toujours le même, son tronc est énorme. Mes bras sont loin d’en faire le tour. Contre lui, je ferme les yeux, je respire encore plus profondément et j’ai l’impression pendant quelques secondes que nous ne faisons qu’un. J’imagine ses racines rejoindre le centre de la terre et sous mes pieds de longues tentacules racinaires effectuer le même chemin. J’avoue que ça vaut bien ce petit sentiment de gêne et de ridicule, l’apaisement est immédiat. Essayez, vous verrez 🙂

Je me rends compte que cet article a suivi le même processus qu’une marche méditative. Des moments de concentration, des digressions ici et là, comme des bouffées d’oxygène et de lâcher-prise et au final une petite tranche de vie.

Hier j’ai parcouru 18 598 pas, avant-hier 12 463. Géniales ces applis qui comptent les pas ! Aujourd’hui le score sera plus modeste, il pleut. Mais balade il y aura, je sens que j’en ai besoin. Au final, il n’y aura peut-être que 2 ou 3 épisodes de 5 à 10 minutes de marche réellement méditative. Les pensées m’envahiront par moment, mais heureusement les rêveries aussi.

Au bout de nombreuses années de pratique méditative en marchant, le constat est que je me sens de plus en plus connectée à mon environnement, au monde mais aussi à moi-même, à mon corps. Avec l’impression d’être par instant totalement dans le moment présent. Pas mal quand même ! Ça vaut le coup, vous ne trouvez pas ?

Alors à vos baskets ! Aujourd’hui pour ma part ce sera bottes en caoutchouc et ciré. Bonne balade à tous et surtout bonne méditation ! 🙂

Rita Sansone Villemin

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